Nous utilisons ici les données publiées par le ministère de l'intérieur concernant les listes arrêtées des candidats par circonscription. Ces données concernent une série d'informations concernant les sortants et les 7881 candidats dans les 577 circonscriptions.
Le graphique ci-dessus explore un premier aspect pouvant expliquer le nombre de candidats. On regarde le nombre moyen de candidats selon que l'élu sortant faisait partie du groupe socialiste, du groupe UMP ou d'un autre groupe et qu'il se représente ou pas.
Le principal résultat est qu'il n'y pas de relation forte entre la couleur du sortant et le nombre de candidatures. La lourde défaite du candidat socialiste aux présidentielles ne semble donc pas être la principale (ou la seule) source de la multiplication des candidats, que le sortant ce représente ou pas. On constate juste que le nombre candidatures est légèrement plus élevé quand le sortant ne se représente pas, notamment s'il ne faisait pas partie d'un des deux principaux groupes parlementaires.
Au vu de ces effets faibles, nous regardons un peu plus dans le détail les candidatures en fonction de la couleur politique du sortant et de la couleur des candidats déclarés. A ce titre, ce second graphique montre des différences importantes entre les candidats de gauche et de droite. Nous avons ici grossièrement regroupé les candidatures selon des "familles" politiques, à savoir la "gauche", la "droite" et les autres, qui comprend, notamment, les candidats de la "République en marche". Ce groupe ne se distingue pas particulièrement, d'ailleurs, si ce n'est qu'il se présente plus souvent dans les circonscription où le sortant était déjà un "autre", c'est-à-dire, en général un candidat centriste.
A droite, on a assisté à une multiplication des candidatures, à quelques défections vers la "République en marche", mais aussi à quelques candidatures dissidentes, comme dans la 2nde circonscription de Paris. Cependant, le nombre de candidatures à droite - en incluant le FN - tournent autour de 3 et demi, autour de 4 quand il n'y a pas de sortant. Malgré les tensions qui ont suivi la défaite au premier tour et les appels du pied du nouveau président, le leadership des Républicains semble avoir réussi à éviter une dispersion trop important de son camp.
C'est à gauche que la débâcle du PS et les dissensions entre le PC et la France insoumise ont créé plus de nouvelles vocations et rendu difficile les accords pré-électoraux. Entre PS, écolos et extrême-gauche on observe en moyenne entre 4 et demi et presque cinq candidatures concurrentes par circonscription. De manière significative, le nombre de candidatures est le plus élevé quand la circonscription était tenu par un député PS qui se représente.
Quelle conclusions tirer de ces informations ? Au-delà de la question du taux de renouvellement peut-être inouï, mentionné en introduction, il y a sans doute également une certaine incertitude quant aux résultats. Selon nombre de sondages, une fraction importante des électeurs français serait disposée à donner une majorité au nouveau président pour lui permettre de mettre en oeuvre son programme politique. Cela étant dit, au vu du nombre de candidatures, du nombre de candidats nouveaux et inconnus, ainsi que de l'affichage souvent ambigu - on trouve souvent plusieurs candidats se réclamant de la "majorité présidentielle", les jeux ne sont sans doute pas fait. La fin de campagne risque d'être cruciale pour les résultats du premier et du second tour.
Emiliano Grossman
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